Pour une représentation plus juste des femmes dans les médias.

ÉVALUATION : L’association compte désormais 200 adhérentes et constitue pour les journalistes un réseau de référence professionnelle qui s’inscrit dans la phase d’activisme de la société issue du mouvement MeToo. Prenons la Une est souvent contactée quand un problème pointe au sein d’une rédaction. Néanmoins, constat est fait par l’association que le patriarcat reste fort au sein des rédactions et que le traitement des sujets sur les Violences Sexistes et Sexuelles font peu de place au point de vue de la victime. Les évolutions sont encore lentes et rendent indispensables la poursuite des actions de l’association. Des propositions ont ainsi été faites pour conditionner les aides publiques à l’obtention d’une note >95/100 sur l’index Egalité ou à l’absence de condamnations pour propos sexistes. Prenons la Une intervient essentiellement au sein des écoles de journalisme, ces dernières années mais peut également être sollicitée par des professionnel·les, des lieux grand public ou des établissements scolaires du second degré dans le cadre de l’Éducation aux Médias et à l’Information. Ex : TikTok France ou la bibliothèque Mériadeck à Bordeaux en 2024. Nous évaluons à une quinzaine au moins d’interventions dans les écoles, chaque année. Selon les commandes, nous intervenons devant des audiences de 20 à 50 étudiant·es (en première et/ou deuxième année). Comme dans l’ensemble de la société, les réactions sont diverses au sein des audiences auprès desquelles nous intervenons. Les étudiant·es, plus jeunes, ne font pas exception à ce constat. Certain·es sont encore « trop » nourri·es à des réflexes journalistiques biaisés par nos croyances collectives pour parvenir spontanément à s’en affranchir. Le but de nos interventions est précisément d’assouplir leurs résistances par des exemples éloquents et leur partager des outils d’analyse pour qu’ils et elles voient où résident les problèmes d’une mauvaise représentation médiatique des inégalités entre les femmes et les hommes. Du 1er novembre 2022 au 1er janvier 2023, l’antenne marseillaise de Prenons la Une a passé au peigne fin 102 articles traitant des violences sexistes et sexuelles (VSS) issus de 9 médias locaux en ligne. CE QUI A PROGRESSÉ : -> L’ironie (avec pour effet de minimiser les faits de violences et de dévaloriser les victimes) n’est utilisée qu’à de rares occasions. -> Les mots « féminicide » et « violence conjugale » ont remplacé le terme «drame passionnel » qui semble avoir disparu des articles, alors qu’il était omniprésent il y a une dizaine d’années. «Drame familial » est en revanche toujours utilisé alors qu’il minimise l’acte de l’agresseur, invisibilise les rapports de pouvoirs et le réduit à un acte théâtral individuel sans lien avec la société. -> Quand les violences sexuelles sont traitées dans la rubrique « société », le traitement est en général plus équilibré et détaillé. Des ressources (noms d’associations, numéro d’urgence par ex) et des statistiques sont fournies. -> Rares sont les photos d’illustration minimisant et/ou ridiculisant les violences. La grande majorité des images illustrant les articles de violences sexistes et sexuelles sont des photos ’prétexte’: de tribunaux ou des postes de police. CE QUI MANQUE OU FAIT DÉFAUT : -> La majorité des médias étudiés ne contextualisent pas les féminicides, ni l’ensemble des violences sexistes et sexuelles : la moitié des articles analysés sont dans la rubrique « faits divers », et ne donnent aucune statistique nationale ou régionale. La moitié des médias et antennes locales traitant peu de faits divers choisissent de ne pas (ou très peu) couvrir les crimes et procès des agresseurs de femmes. Ces médias traitent uniquement des violences sexuelles au moment d’une annonce gouvernementale ou d’une journée nationale ou internationale. -> À de très rares exceptions, des numéros d’urgence, lignes d’écoute et autres ressources sont indiquées. Des statistiques sur le nombre de féminicides, d’agressions, de plaintes pour violences conjugales sont réservées aux articles des rubriques « société », alors que ces infos succinctes permettent de contextualiser toutes les affaires de violences sexuelles. La description des mécanismes de violence et des relations de pouvoir qui sous-tendent les violences sexistes et sexuelles sont quasi absentes des articles. -> Le terme « abus sexuel » est encore utilisé alors qu’il n’existe pas dans le code pénal et minimise ce qui est en général une agression sexuelle. Prenons la Une a reçu le Grand prix des Assises du Journalisme de Tours pour son action en faveur de la parité dans les médias et de l’égalité dans les rédactions.