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20/05/24 | parentalité
Paru dans Alternatives Economiques, un article de Rachel Silvera, Maîtresse de conférences à l’université Paris-Nanterre
extraits :
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Aujourd'hui, en France, une famille sur quatre est une famille monoparentale – dans 82 % des cas des mères en solo – alors qu'elles n'étaient que 10 % dans les années 1970. Souvent invisibilisées, elles ont parfois fait la une : il y a maintenant cinq ans, elles ont occupé l'espace médiatique et les ronds-points parmi les gilets jaunes, avec Ingrid Levavasseur, mère célibataire, l'une des figures du mouvement qui pointait les fins de mois difficiles et la précarité des femmes seules.
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L'état des savoirs sur les familles monoparentales, et à sa suite, le rapport du Sénat, mettent en évidence à quel point les familles monoparentales, et tout particulièrement les mères isolées, sont exposées à un cumul sous-estimé d'inégalités et de difficultés : inégalités de genre, niveau de vie inférieur, privations matérielles et sociales, difficultés d'emploi, de logement, de mode de garde, etc.
Une étude de France Stratégie et de l'Ined, sortie en janvier 2024, montre une baisse nettement plus importante du niveau de vie des mères isolées par rapport aux pères en solo : l'année de la séparation, les enfants résidant chez leur mère voient leur niveau de vie baisser de 25 % et de 11 % s'ils résident chez leur père.
De fait, la pauvreté est nettement plus fréquente : si le taux de pauvreté des enfants vivant avec leurs deux parents est de 15 %, il passe à 22 % pour les enfants vivant avec leur père, mais surtout à 46 % lorsqu'il s'agit de la mère. Selon l'Insee, « le reste à vivre », une fois les dépenses de logement écartées, est de 1 780 euros pour les couples avec enfants et de 950 euros seulement pour les mères isolées.
La précarité concerne aussi l'accès au logement : 40 % des enfants vivant avec leur mère sont dans des logements sociaux, contre 12 % pour l'ensemble des enfants. Fait majeur, leur accès à l'emploi est plus difficile : selon une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques de 2021, les mères en solo sont davantage au chômage que celles en couple (17,2 % versus 8,3 %), sachant que beaucoup d'entre elles renonçant à rechercher un emploi, par découragement, basculent ainsi dans l'inactivité.
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