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06/04/22 | stéréotype de genre
Loin d’être anecdotiques, les vêtements modèlent et construisent notre rapport au monde
Extraits d’un billet de blog:
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Frédéric Monneyron explique ce rapport de pouvoir en distinguant un « système » d'habillement pour chaque genre .
Il y a d'abord le « système ouvert », celui des femmes en raison des vêtements portés : jupes, robes, décolletés qui laissent paraître une ouverture sur le corps. Au contraire, le « système fermé » des hommes se compose de pièces qui occultent le regard comme les pantalons, les costumes et les chemises. Chaque système transporte alors un ensemble de valeurs : celui des femmes est permissif et intrusif, il concède un droit de regard direct sur le corps. Celui des hommes, au contraire, fait barrage : il regarde sans se laisser regarder. Se dessine ainsi un rapport de pouvoir conjoint à la question du regard : le vêtement masculin préserve et protège tandis que le féminin expose à la vue de tous.
Par ailleurs, ce classement en système est révélateur de la façon dont les corps sont autorisés à bouger. Les vêtements masculins permettent une liberté de mouvement totale, grâce au pantalon, là où les vêtements féminins restreignent l'amplitude, empêchant notamment le travail manuel et le sport. D'un mot, parce que la mode est une matérialisation du genre, elle se fait le témoin d'un rapport de pouvoir et de domination entre les sexes, plaçant nécessairement le vestiaire des femmes en terrain politique.
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De la même manière, le talon haut figure lui aussi au rang des produits purement patriarcaux. Fabriqué pour regalber la cheville, il cambre le pied, élance la taille et allonge la silhouette, répondant ainsi à tous les critères normatifs du regard masculin. Plus encore, le talon gêne l'amplitude, entrave la course et va même jusqu'à faire souffrir s'il est porté trop longtemps.
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