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01/07/22 | étude
À l’occasion de la parution de sa notice « Rose » dans le 𝘗𝘶𝘣𝘭𝘪𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯𝘯𝘢𝘪𝘳𝘦. 𝘋𝘪𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯𝘯𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘦𝘯𝘤𝘺𝘤𝘭𝘰𝘱𝘦́𝘥𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘦𝘵 𝘤𝘳𝘪𝘵𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘱𝘶𝘣𝘭𝘪𝘤𝘴, Kévin Bideaux revient sur cette maxime : « le rose, c’est pour les filles ».
Apparaissant dans les années 1980, le phénomène de pinkification renvoie à la colorisation uniformément rose de tous les produits de consommation qui ont trait au féminin, tout particulièrement dans le monde du jouet
Certain∙es chercheur∙euses considèrent que le succès de la poupée Barbie (commercialisée depuis 1959) et son rose vif caractéristique seraient potentiellement à l'origine de la pinkification . (…) La couleur n'est toutefois pas la seule transformation opérée pour distinguer un produit dit « pour les filles » d'un autre dit « pour les garçons ». Les jouets notamment cristallisent une multitude de représentations sociales liées aux rôles et identités traditionnellement associés à chaque sexe, aussi bien à travers la fonction-même des jouets (une poupée à habiller, un jeu de construction, etc.) que dans la mise en scène de ces produits dans les catalogues ou les publicités
L'association du rose avec la féminité, aujourd'hui couramment répandue, est en fait plutôt récente, puisqu'elle ne se met véritablement en place qu'au début du XXe siècle.
Apparaissant en Amérique du Nord puis en Europe avec l'arrivée de la tradition des layettes consistant à habiller d'une couleur différente les bébé·es selon leur sexe (Paoletti, 2012), « le rose c'est pour les filles/femmes » s'est très rapidement instauré comme une convention sociale. Celle-ci s'est cristallisée au milieu du XXe siècle, à travers la mode pour adultes cette fois, les années 1950 étant une véritable « décennie rose » durant laquelle se sont multipliées les représentations de femmes en tenues roses (Marling, 1994 : 40), que ce soit dans la presse féminine, la presse érotique ou le cinéma (Nadoolman, 2018).
La symbolique de féminité du rose est désormais bien installée et s'est répandue à travers le monde, notamment par le biais de la globalisation, qu'elle soit économique ou culturelle.
Le rose est ainsi quasi systématiquement employé dans la conception de produits « pour les filles/femmes » ou pour représenter des personnages féminins.
L'histoire du rose et de sa symbolique est donc éminemment en lien avec les rapports entretenus à la fois avec les publics auxquels s'adressent ces productions marchandes et/ou culturelles, et le genre en tant qu'il est un symbole de féminité.
Pour les filles, pour les femmes ou pour les hommes, il s'agit ici de rendre compte des relations de la couleur et ses usages à ces différents publics : ainsi ce bref mais néanmoins détaillé panorama donne-t-il un aperçu de l'influence de la couleur sur les individu·es en termes de rapports sociaux et de construction identitaire, et sur le genre comme système de structuration de la société.