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12/03/24 | étude, Outre-mers
Un document de la Fabrique des mémoires : petites histoires dans la Grande Histoire
Le 28 décembre 1858, le bateau-prison La Loire quitte Brest. Il emporte les 36 premières femmes métropolitaines qui iront purger leurs peines au bagne de Saint-Laurent du Maroni. Il est important de préciser métropolitaines car depuis 1852 des condamnées martiniquaises et guadeloupéennes ont été envoyées au bagne de Guyane. Des femmes libres vivent aussi en Guyane, ce sont des épouses de transportées, de commerçants, d'exploitants agricoles ou miniers, de membres du personnel pénitencier et des religieuses.
L'ambition de Napoléon III est de développer la Guyane par le biais d'une « colonisation pénale », sur le modèle mis en place par la Grande-Bretagne en Australie. La loi du 20 mai 1854, dite de la transportation, permet donc de débarrasser la métropole des forçats, fermer les bagnes de Brest, de Toulon et de Rochefort et fournir une main-d'œuvre bon marché. Pour les obliger à s'installer en Guyane, les condamnés à plus 8 ans de travaux forcés doivent demeurer sur place une fois leur peine accomplie. De petites concessions rurales de un à trois hectares leur sont allouées pour assurer leur subsistance. Si les résultats sont satisfaisants, ils en deviennent définitivement propriétaires. Mais pour véritablement coloniser le territoire, il faut des familles, des enfants… et donc des femmes, des ventres.
Ce premier convoi emmène donc en Guyane des futures épouses aux bagnards. Toutes ont eu le choix : purger leurs peines dans une prison en France ou rejoindre le bagne colonial où l'administration pénitentiaire leur promet une vie meilleure, un mari, des enfants, une terre… Elles sont toutes volontaires, certains des dossiers indiquent d'ailleurs leurs motivations : « elle a espoir d'un avenir meilleur qu'elle s'efforce de mériter par son travail et sa bonne conduite ».
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